Le legs, de Marivaux - Mise en scène, scénographie & costumes Muriel Mayette-Holtz. Création et production du Théâtre National de Nice.

avec Élise Clary, Gérard Holtz, Muriel Mayette-Holtz, Laurent Prévot, Hervé Van der Meulen, Carla Ventre & Eliot Piette [musicien]

Musique Cyril Giroux Lumière [en cours] - Production Théâtre National de Nice - CDN Nice Côte d’Azur.

L’intention, par Muriel Mayette-Holtz : Marivaux sous le soleil trompeur
Marivaux a le génie d’emmêler sentiments et sécurité, amour et argent. Chez lui, la passion se faufile entre les calculs. L’élan du coeur n’échappe jamais tout à fait aux lois du monde. Et ce monde est cruel, même quand il se pare de légèreté.
Dans Le Legs, nos personnages s’affairent, s’inquiètent, négocient. Ils défendent leur bien, leur avantage, leur position. Ils comptent, ils jaugent, ils s’accrochent à leurs certitudes. L’amour – s’il existe – vient après. Après la prudence, après la peur, après la mise à l’abri. Le coeur n’est jamais tout à fait libre, il pèse, il soupèse. Alors, dans cette danse où les élans se heurtent aux précautions, où l’instinct lutte contre la raison, la beauté de l’instant se dilue. Et pourtant, ces âmes en quête de bonheur nous touchent, parce qu’elles nous ressemblent.
Je choisis un cadre estival, brûlant et sucré. Un été où tout semble possible, où les plaisirs défendus se cueillent comme des fruits trop mûrs. Un décor saturé de lumière, rempli de gourmandises et de récompenses gustatives. Mais derrière cette douceur, il y a l’enfermement. L’enfermement dans des codes, dans des certitudes, dans la peur d’être dupe ou d’être dépossédé. L’image est naïve en apparence, comme une carte postale délavée ou un tableau de
ménage trop bien cadré. Une sorte de Desperate Housewives à la française, plus proche d’un EHPAD que d’une cour de récréation. Une esthétique faussement légère, où l’on joue à être heureux, où l’on mime la spontanéité sans jamais s’y abandonner vraiment.
Je veux dessiner des figures raides sous des couleurs éclatantes, des sourires figés dans une lumière trop belle pour être vraie. Une iconographie joyeuse et acidulée, comme une réclame qui cacherait mal sa mélancolie. Car au fond, c’est cela : une comédie du bonheur où l’on ne rit jamais tout à fait, un été trop sucré qui laisse un goût amer.

L’histoire : Cette comédie de Marivaux en un acte met en scène le Marquis, un jeune homme héritier d’une grande fortune. Héritier certes mais à condition : il doit épouser une certaine jeune femme, Hortense. Cependant, lui en aime
secrètement une autre et hésite à accepter cet héritage. Hortense, de son côté, éprouve des sentiments pour un autre prétendant, le Chevalier. Par des jeux d’esprit et des dialogues subtils, les personnages explorent les dilemmes de l’amour et de l’intérêt. Finalement, le Marquis renoncera à l’héritage pour suivre les élans de son coeur, permettant ainsi à chacun de choisir librement son destin amoureux. La pièce toute en finesse sur les valeurs du choix personnel face aux contraintes sociales.